Excellent touche-à-tout du septième art, Robin Entreinger est aussi à l’aise dans ses fonctions de formateur du milieu professionnel, membre de la CST, technicien hors pair, que derrière une caméra.
Après The Darkest, Robin Entreinger revient avec Troubles. Citant volontiers Abdellatif Kechiche et Nicolas Winding Refn dans la même phrase, Robin fait partie de ces metteurs en scène qui adaptent réellement leur langage cinématographique à chaque projet… respectant par là même la règle de concordance entre le fond et la forme (qui peut paraître évidente au plus grand nombre), qui ne semble pas être le leitmotiv des plateaux de tournage français contemporains ! Ci-dessous : notre avis sur ce long métrage suivi de la rencontre avec ce représentant d’un cinéma de genre qui voyage entre France et Amérique, déjà repéré par l’excellent Mad Movies.
Notre avis sur le film « Troubles » :
The Darkest, le précédent effort de Robin Entreinger, nous avait conforté dans les propos susnommés : c’est bel et bien le sujet d’un objet filmique qui dicte son esthétisme. La représentativité du cinéma de genre en France, combinée au désastre artistique de certaines tentatives (fort heureusement, des exceptions telles que La dernière vie de Simon existent), ne font que renforcer la valeur de chaque incartade réussie dans le cinéma codifié – en l’occurrence, ici, le thriller psychologique. Débarquant en pleine pandémie du virus nommé SARS-CoV-2, Troubles fait figure de véritable combattant dans un milieu, d’une part complètement chamboulé, et d’autre part peu enclin, de base, à laisser de la place aux films d’auteurs autoproduits et majoritairement destinés à un public de niche. D’aucuns pourront forcément être décontenancés face à cet exercice de style qu’ils pourraient hâtivement qualifier d’inerte. Mais Troubles n’est pas inerte ! Il prend le temps d’instaurer une atmosphère, de faire exister ses personnages et leurs traumas. A l’écran, le manque de moyens n’est pas oppressant, il est au contraire le vecteur d’une atmosphère oppressante portée par un découpage que l’on sent pensé dans les moindres détails lors d’une préproduction (forcément) primordiale. En jouant avec un désamorçage constant des attentes induites par les codes, le film déroule une narration subtile. Ce qu’on retiendra de ce récit cathartique, c’est qu’il sait aussi bien délivrer au spectateur la jubilation de twists purement cinématographiques, qu’offrir à ces derniers une cohérence intrinsèque… un fait suffisamment rare aujourd’hui pour être soulevé. Une belle surprise !