Que la nudité – féminine et masculine – inonde sans complexe la filmographie de Paul Verhoeven n’est un secret pour personne. « Le Hollandais violent » souhaitait initialement que la femme à 3 seins du cultissime Total Recall ait « encore plus de seins ». La scène de ce classique SF est mémorable pour bon nombre de cinéphiles, mais il semblerait que Verhoeven prévoyait d’aller encore plus loin. Avec son casting inoubliable comprenant Arnold Schwarzenegger, Rachel Ticotin, Sharon Stone, Ronny Cox et Michael Ironside, Total Recall – vague et très libre adaptation d’une nouvelle de Philip K. Dick datant de 1966 – est un classique qui, n’en déplaise à certains, ridiculise toujours les vaines tentatives de recyclage hollywoodiennes actuellement à la mode.
L’histoire : 2048. Doug Quaid rêve chaque nuit qu’il est sur la planète Mars à la recherche de la belle Melina. Sa femme, Lori, s’efforce de dissiper ce fantasme. Doug va bientôt s’apercevoir que son rêve était artificiel et que sa femme est une espionne chargée de veiller à son reconditionnement mental. Il se souvient d’un séjour réel sur Mars, à l’époque où il était l’agent le plus redouté du cruel Coohagen. Il décide de s’envoler sur Mars à la recherche de son énigmatique passé.
Aperçu : Paul Verhoeven l’explique sans détour à The Ringer : s’il avait pu, il y aurait plus de trois seins visibles sur un seul et même corps féminin dans Total Recall. Il précise même avec son habituel franc-parler : « Je sais que certaines femmes n’ont, disons, pas deux mamelons, mais quatre. Comme les chiens. Mais peu importe. C’est ce qu’elles ont. Elles existent ! En gros, j’ai vu des clichés médicaux quand j’étais à l’université. Et je savais que ça existait. Je voulais donc quatre mamelons et quatre seins, avec de gros seins et des plus petits seins en dessous. Et Rob Bottin, je pense, a estimé que c’était trop réaliste par rapport au ton du film. Et au fond, trois seins seraient plus, disons, dans le style de tout le film. »
L’actrice Lycia Naff, qui interprétait la prostituée mutante de Total Recall nommée Mary, a livré ses impressions dans une interview qui date de 2012 et elle en parlait, à l’époque, comme d’une expérience durant laquelle elle « [se] sentai[t] vraiment exposée ». Elle allait même plus loin en déclarant : « Cela m’a frappé au tout premier moment où j’ai dû m’exposer pour les besoins de la scène […] Ce qui m’est venu à l’esprit était tellement honteux. C’était bizarre, car ce n’étaient pas mes seins, et c’était pourtant ce pour quoi j’avais signé ». En conclusion, Lycia Naff affirmait se sentir « gênée, et gênée de [se] sentir gênée ».
Quoi qu’il en soit, la scène est culte et, pour preuve, elle est toujours évoquée dans les interviews de 2020 (qui parlera encore de cette bouillie immonde réalisée en 2012 d’ici quelques années ?). Quoi qu’il en soit, Naff s’est souvenue que Paul Verhoeven discutait sur le plateau de l’éventualité d’avoir un nombre plus important de seins. « Rétroactivement, tout le monde était d’accord pour dire que j’aurais eu l’air trop bovine, comme une vache prête à être traite, et ça n’aurait pas été très sexy », a-t-elle déclaré. En dépit de ces mots lors de l’interview de 2012, l’actrice valide aujourd’hui la scène.
Les producteurs du remake avaient expliqué à Screen Rant que s’ils avaient souhaité produire un remake du film de Verhoeven, c’est parce qu’ils trouvaient le film original de 1990 « kitsch ». Cela ne les a pas empêché de reproduire la scène des trois seins dans leur – honteuse tentative – de remake. Cette fois, c’est Kaitlyn Leeb qui a assumé le rôle, se présentant même au Comic-Con de San Diego pour révéler le nouveau design. Même si aujourd’hui Lycia Naff est satisfaite de sa performance, elle était heureuse de passer le flambeau à Leeb avec humour : « Elle a dû composer avec tous les fanboys de science-fiction sexy ! Ils sont à elle maintenant ! »