Quel film parfait pour Halloween ? Petit guide Made in DcP Mag

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DcPMag, pris d’une irrésistible frénésie de classements, ne pouvait décemment pas laisser passer Halloween sans tenter de répondre à la question essentielle : quel est le film idéal pour célébrer cette nuit dédiée au macabre, aux ténèbres et aux esprits en tout genre ? Pour éviter l’écueil du grand éparpillement – celui qui vous pousserait à rester bloqué dix minutes sur une grille de sélection en murmurant “il va me falloir la durée du film pour choisir le film…” – nous avons opté pour une méthode simple, presque mathématique. Trois rédacteurs disponibles à l’instant T ont chacun sélectionné trois films. Puis, après échanges, débats, et un soupçon de chamaillerie qui le caractérise si bien, le trio s’est réuni pour désigner le Graal du Graal : le numéro 1 qui faisait l’unanimité ! Voici donc le fruit de cette messe noire de cinéphiles : nos recommandations idéales pour une soirée pizza, bières et frissons. En espérant que ces quelques lignes vous donnent envie de (re)découvrir certains chefs-d’œuvre que nous chérissons profondément. Toute l’équipe de DcPMag vous souhaite un Halloween magnifique… ou absolument horrible, selon votre degré de cinéphilie morbide !

Les 10 fims d’Halloween sélectionnés par DcP Mag:

The Thing, (John Carpenter, 1982)

L’amour que l’on porte à ce classique — qui, plus de quarante ans après sa sortie, demeure un modèle du genre, indémodable et inégalé — est tel qu’il nous est presque impossible d’en résumer la perfection en quelques lignes. Un film que certains ont pourtant eu l’outrecuidance d’approcher, voire de simplement “toucher” – le pseudo-remake de 2011 (sic), avec le résultat que l’on sait. Carpenter, maître absolu du genre, ne pouvait qu’occuper la première place de notre classement. Et il était tout aussi impensable de ne pas ouvrir ce palmarès avec son chef-d’œuvre. Pour mieux comprendre le pourquoi du comment, nous vous invitons à lire notre critique à trois mains consacrée à cet incontournable absolu et qui sera bientôt en première page de DcPMag.

L'Au-delà

L’Au-delà (Lucio Fulci, 1981)

Vous êtes en pleine orientation professionnelle ? En reconversion ? N’hésitez plus et regardez L’Au-delà ! Ce film témoigne, avec réalisme, il faut le souligner, des risques inhérents aux fonctions d’artiste-peintre, plombier, médecin-légiste… Il saura sans nul doute vous aiguiller au mieux dans le choix de votre future carrière. Si vous venez d’acheter une vieille bâtisse, qu’en cherchant la provenance d’une fuite d’eau vous découvrez une pièce secrète derrière les murs du sous-sol, que les différents artisans qui interviennent dans vos travaux décèdent tous de manière inopinée… Regardez ce film, il saura sans nul doute vous conseiller au mieux sur les marches à ne pas suivre lorsque l’on vient d’acquérir un bien situé sur l’une des portes de l’Enfer. Si, plus modestement, vous cherchez juste un film qui, malgré les années, conserve une certaine ambiance malsaine vous donnant l’envie à la fois d’éteindre et de poursuivre les horreurs qui défilent sous vos yeux… Ne passez pas à côté ! (Conseil : ne regardez pas ce film avec votre Berger-Allemand)

2 Soeurs

Deux soeurs (Kim Jee-woon, 2004)

Vous rencontrez des problèmes dans votre famille ? Ou avez remarqué des tensions entre une belle-mère et ses belles-filles ? Si vous souhaitez être accompagné pour tenter de comprendre l’origine de ces problèmes intrafamiliaux, regardez Deux Sœurs. Dépassant de très loin le simple motif de la maison hantée, ce film saura certainement se faire apprécier des spectateurs haïssant les films de genre « sans histoire plus profonde ». (Avertissement : Ce film ne vous réconciliera cependant pas avec le dessous de vos meubles de cuisine, ni avec votre armoire à vêtements… Peut-être avec les balançoires… Cela reste à vérifier !)

Les Innocents

Les Innocents (Jack Clayton, 1961)

Impossible de trouver une personne de confiance pour garder vos enfants pendant vos absences ? Vous avez un doute sur votre nounou actuelle ? Vos enfants disent voir le fantôme de leur ancienne nourrice ? Pour clarifier cette situation angoissante ou, afin de vérifier si vos craintes sont fondées, regardez Les Innocents. (Avis : Si vous habitez dans un vieux manoir anglais, l’effet n’en sera que plus décuplé, néanmoins il vous est recommandé d’également vous référer au paragraphe « Si vous venez d’acheter une vieille bâtisse… » de l’article L’Au-delà situé en amont.)

Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà

Event Horizon (Paul Anderson, 1997)

On l’a appris par la suite, le film a souffert d’une post-production marquée par les ciseaux, suite à des projections tests désastreuses, mais en l’état, quand je l’ai découvert en Laserdisc ( plusieurs semaines avant sa sortie en salle en France… ) il m’a positivement terrifié. Et surtout, il a réussi à le faire plusieurs fois quand j’ai voulu le montrer ! Ce récit de château-hanté-de-l’espace, aux décors anxiogènes, et aux tripes répandues, continue de bouleverser les spectateurs près de trente ans plus tard. Un casting hétéroclite, composé de stars et de fleurons de la scène anglaise, se livre à un jeu de massacre d’une brutalité sans concession. À voir si vous avez le cœur bien accroché, parce que c’est une véritable boucherie.

Ring

Ring (Hideo Nakata, 1998)

On part au Japon, pour un film qui, passé son incipit, ne mise jamais sur des jump-scares ou du gore facile. En puceau du genre, Hideo Nakata parvient à distiller une ambiance où l’inquiétude croît sans rencontrer aucun obstacle, jusqu’à faire place à un sentiment de malaise perpétuel. Une peur qui de surcroît se transmet quand on la partage en VHS… voilà pourquoi je tiens tant à vous le montrer ! Malheureusement l’essai n’a pas été transformé : Hideo a réalisé un Ring 2 complètement mou et sans intérêt, suivi de Dark Water, où il se lance le défi de nous faire peur avec un sac Hello Kitty. Gros échec. Il a fini par faire une suite de Death Note complètement pourrie. Triste destin.

L'Étrange Pouvoir de Norman

L’Etrange Pouvoir de Norman (Chris Butler & Sam Fell, 2012)

Le Studio Laika aime faire frissonner les enfants. Après l’éclatante réussite qu’est Coraline, ParaNorman est une sorte de chaînon manquant entre The Frighteners et The Breakfast Club : une bande de jeunes mal assortis doivent enrayer un mal mystérieux qui s’attaque à la ville. L’un de ces jeunes, Norman, a le pouvoir de communiquer avec l’au delà… Le scénario est brillant, et servi par une mise-en-image aux petits oignons, à voir en 3D pour un plaisir décuplé. En outre, il livre une morale assez originale, pour le genre : plutôt que de résoudre le conflit dans la violence, il le fait par le dialogue. En effet, sans communication, les gens perdent tout sens commun, et peuvent devenir violents. Cette ode à l’ouverture et à la découverte des autres devrait être incluse dans tous les programmes scolaires, et le monde irait tout de suite mieux.

La colline a des yeux

La colline a des yeux (Alexandre Aja, 2006)

La Colline a des yeux, tout comme le modèle signé Craven des années plus tôt, tient du conte horrifique, presque d’une légende urbaine filmée. Le film s’inspire librement du sinistre Alexander « Sawney » Bean, chef d’un clan écossais cannibale qui aurait massacré près d’un millier de voyageurs pour nourrir sa progéniture consanguine. Les Bean tendaient des embuscades avant de dévorer leurs victimes, jusqu’à ce que le roi Jacques VI mette fin à leur règne de terreur en exterminant toute la famille. Certains historiens affirment qu’il ne s’agissait que d’une invention destinée à discréditer l’Écosse, mais la légende a perduré — et c’est justement dans cette ambiguïté entre mythe et réalité que s’enracine le film. Car La Colline a des yeux, c’est d’abord la confrontation de deux mondes : celui d’une Amérique réaliste, contemporaine et politique (Big Bob, le patriarche protectionniste, face à Doug, le gendre démocrate), et celui d’une humanité dégénérée, rejetée par les propres errements scientifiques et militaristes du gouvernement. Aja filme cette collision avec une intensité rare : son remake est un cri, une légende urbaine réinventée avec une sincérité hallucinante et une brutalité frontale. Parfois insoutenable — la scène du viol dans la caravane reste un choc pur —, le film ne se complaît pourtant jamais dans le sordide vain. Sa mise en scène, d’une rigueur chirurgicale, propulse le spectateur dans un véritable rollercoaster de tension, où l’adrénaline se mêle à une angoisse viscérale (le réveil dans le frigo reste gravé dans les mémoires). Modèle du genre, La Colline a des yeux est un film total : intense, conscient, mais jamais prétentieux et, surtout, littéralement amoureux du genre qu’il investit. À des années-lumière des velléités d’elevated horror (aujourd’hui légion), il rappelle qu’un vrai survival n’a pas besoin de s’excuser d’être ce qu’il est : un choc physique, sensoriel, politique et mythique à la fois.

Dernier train pour Busan

Dernier train pour Busan (Yeon Sang-Ho, 2016)

Le cinéaste Edgar Wright (faut-il encore le présenter comme – entre autres – le maître de la comédie zombie Shaun of the Dead (2004), et réalisateur du très attendu Running Man ?) est un fervent admirateur du film. Wright ne s’en cache pas : il l’a souvent recommandé, allant jusqu’à le qualifier de « meilleur film de zombies [qu’il] ait jamais vu ». Et chez DcpMag, on ne peut que partager cet enthousiasme ! Première réalisation en prises de vues réelles de l’excellent Yeon Sang-ho, déjà remarqué dans l’animation horrifique avec le très solide Seoul Station, Train to Busan doit sans doute une grande part de son efficacité à ce passé d’animateur. Sang-ho y déploie un découpage d’une précision chirurgicale, où chaque plan semble pensé, articulé, chorégraphié avec une maîtrise sidérante. En insufflant à son récit une vision profondément humaniste — des rapports sociaux jusqu’aux sacrifices individuels — tout en respectant les codes du genre et ses déchaînements carnassiers, Yeon Sang-ho signe un film à la fois viscéral et bouleversant. À sa sortie, le magazine Mad Movies notait que « pour un dixième de son budget, Yeon Sang-ho ridiculise World War Z ». Et comment leur donner tort ? D’un côté, un auteur — au sens noble du terme — qui pense son film plan après plan, émotion après émotion ; de l’autre, un yes-man exécutant n’importe comment et mécaniquement le cahier des charges d’un blockbuster aseptisé, calibré par des costards-cravates pour ne surtout pas franchir la ligne du R-rated. Deux visions du cinéma, deux mondes… Et vous savez très bien dans lequel nous habitons chez DcpMag.

L'Exorciste

L’Exorciste (William Friedkin, 1973)

Le film a été tant vu, tant commenté, tant disséqué… Dur de se lancer sans tomber dans la redite ! Lors de l’un de ses passages à la Cinémathèque française, Jean-Baptiste Thoret fut invité à analyser L’Exorciste face au public. Il exposa alors ce qui fait la nature même du cinéma de William Friedkin — une essence qu’on retrouve d’ailleurs dans l’ensemble de sa filmographie : « Des gens en gros plan, qui regardent de façon hallucinée quelque chose qu’ils ont du mal à comprendre. » Et, il faut bien l’admettre, en 2025, plus d’un demi-siècle après sa sortie, c’est encore dans ce même état d’hypnose et d’incrédulité que l’on regarde cette œuvre. L’Exorciste n’appartient plus seulement à l’histoire du cinéma : il la déborde littéralement, il irradie bien au-delà. Comme le souligne également Thoret, le film est d’ailleurs devenu un véritable sujet de société. Avec Friedkin, le spectateur devient ce personnage incrédule de la diégèse, happé par ce qui lui échappe. Une fascination indéterminée s’empare de nous : nous ne pouvons intellectualiser ce que nous voyons. L’Exorciste n’est pas un film à analyser — c’est un objet filmique qui défie toute lecture critique, un vertige de mise en scène. On le traverse comme une expérience, fasciné, paralysé, subjugué. Peu de films, dans l’histoire de l’horreur, atteignent un tel niveau de frayeur collective. Pour mémoire, la bande-annonce originale — qui ne montrait presque que le visage blanc du démon surgissant et disparaissant dans l’obscurité — fut interdite dans de nombreuses salles, jugée « trop effrayante ». Et aujourd’hui, à l’ère des CGI omnipotents et des effets où tout semble possible, rares sont les œuvres capables de provoquer un malaise aussi pur, aussi viscéral, aussi durable. Un monument du genre. À (re)voir à chaque Halloween comme un rite initiatique, un passage obligé au cœur de l’une des frayeurs cinématographiques les plus pures.

Halloween, c’est aussi l’occasion d’un bon petit film en famille… comme dirait l’autre ! 

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