Cette année marque (déjà) le 10ème anniversaire de Tron: Legacy, le film qui a permis au public de se replonger dans les merveilles de la célèbre « Grille », près de trois décennies après le Tron original. À cette occasion, le réalisateur de Tron: Legacy, Joseph Kosinski, s’est entretenu avec Comicbook.com, en fournissant au passage des détails intéressants sur la façon dont le film a pris vie, en devenant ce monde de néons que l’on connaît.
L’histoire : Sam Flynn, 27 ans, est le fils expert en technologie de Kevin Flynn. Cherchant à percer le mystère de la disparition de son père, il se retrouve aspiré dans ce même monde de programmes redoutables et de jeux mortels où vit son père depuis 25 ans. Avec la fidèle confidente de Kevin, père et fils s’engagent dans un voyage où la mort guette, à travers un cyber univers époustouflant visuellement, devenu plus avancé technologiquement et plus dangereux que jamais…
Aperçu : Durant l’entretien avec Comicbook.com, Joseph Kosinski a affirmé : « Ce qu’ils ont fait sur le premier film avec la rotoscopie tracée à la main et le travail sur le découpage image par image est fou. C’est fou, mais c’est ce qui fait que Tron ressemble à Tron et tous les choix pris sur Legacy, font que Legacy ressemble à Legacy. Je suis content que nous l’ayons fait et j’ai évidemment été très chanceux de l’avoir dirigé. Je me sens vraiment veinard que ce soit mon premier film […] Avec le recul, j’ai juste de bons souvenirs de l’expérience, le soutien du studio était assez étonnant, puisqu’il était accordé à un débutant. J’ai vraiment pu faire tout ce que je voulais faire sur ce film. Je ne prends jamais cela pour acquis. C’était un véritable acte de foi qui m’a été accordé et c’était génial. Ce sont de très bons souvenirs que j’ai ressenti tout au long du processus. »
Pour rappel, la rotoscopie est une technique cinématographique qui consiste à relever, image par image, les contours de figures filmées en prise de vue réelle pour en retranscrire la forme, les mouvements et les actions au sein d’un film d’animation (une sorte de motion capture avant l’heure). Lors des balbutiements – il y a longtemps -, les animateurs utilisaient des panneaux de verre pour le traçage, ce qui, comme on peut l’imaginer, était un travail incroyablement long et fastidieux. Cette technique fut utilisée pour le Tron de 1982 et bien que les ordinateurs aient considérablement facilité la rotoscopie au cours des décennies suivantes, Joseph Kosinski a estimé qu’il était important que Tron: Legacy utilise également ce procédé. C’était un choix particulièrement judicieux en cela que l’esthétisme de Tron et de sa Grille est inoubliable pour quiconque a vu le film.
Mais malgré tous ces efforts, Tron: Legacy a obtenu un accueil critique mitigé et a fini sa course avec 400 millions de dollars engrangés dans le monde – pour un budget de 170 millions de dollars -, ce qui n’était malheureusement pas suffisant pour justifier la suite que Joseph Kosinski avait prévue. Ce qui est sûr, c’est qu’ici, on apprécie particulièrement le bonhomme pour sa démarche toujours sincère dans la construction d’un univers SF crédible et fourmillant (l’opposé d’un Besson sur Valérian et la Cité des mille planètes, par exemple). Comme le rappelait Mad Movies lors de la sortie en salles d’Oblivion, Kosinksi est de cette race de metteurs en scène capable de bâtir des univers dont la « densité [est] généralement réservée à la SF littéraire ». Quand on sait que le cinéaste est également un auteur de bande dessinée (Oblivion est l’adaptation de sa propre BD), on comprend mieux sa déférence totale à un univers qui le passionne très sincèrement… Une gageure, si on tient compte du fait que Kosinski vient du monde de la pub (vous avez dit cynisme ?).
« Je rêvais sans cesse, je rêvais d’un monde que je ne pensais jamais voir… et puis un jour, une chose s’est produite ». Voici, la phrase qui ouvre Tron: Legacy, ainsi que sa bande-annonce et qui rappelle, toute proportion gardée, que la démarche de Jospeh Kosinski est en quelque sorte similaire à celle de Cameron qui (en parfait magicien du méta) démontre que basculer dans un nouveau monde grâce aux avatars, c’est basculer dans le monde d’un spectateur qui pousse la porte d’une salle obscure. Si on schématise, Sam Flynn qui se glisse dans le monde de la grille n’est pas très différent du Jake Sully qui s’enferme dans un caisson pour intégrer l’univers des na’vi. Ces démarches font probablement la différence entre les faiseurs et les croyants. Sans pouvoir affirmer que Kosinski est de la trempe de Cameron, on sait qu’il fait partie de la ligue des croyants et c’est une ligue qui se fait tellement rare de nos jours… une ligue à qui il faut savoir rendre les honneurs qu’elle mérite avant qu’elle n’ait plus droit de cité.
Le plan initial réservé à la suite se penchait sur le personnage de Quorra. Kosinski n’a pas abandonné l’espoir que Tron 3 entre, un jour, dans une phase de production : « tout dépend du timing et des bons éléments qui doivent se retrouver pour qu’un film se produise. Je pense que c’est possible et je pense que ça serait digne d’intérêt ».