Avec « Avatar : De feu et de cendres », James Cameron confirme sa passion pour des expériences cinéma aussi ambitieuses que radicales
S’il y a bien une constante chez James Cameron, c’est son goût assumé pour les films… généreux, à tous les niveaux. À ses débuts, avec Terminator ou Aliens (sans oublier True Lies, récemment évoqué), ses métrages affichaient des durées classiques pour l’époque. Mais au fil des années, les challenges artistiques du cinéaste n’ont cessé de grimper — et la longueur de ses films avec. La comparaison entre les deux Avatar est éloquente : le premier opus sorti en 2009 culminait à 2h42, tandis que Avatar : The Way of Water, en 2022, repoussait encore les limites avec 3h12 de spectacle immersif. Aujourd’hui, la durée d’Avatar : De feu et de cendres semble enfin révélée… et disons-le clairement : les spectateurs feraient bien de s’installer confortablement. Ce troisième volet s’annonce aussi monumental que son auteur, prêt à offrir une nouvelle expérience cinématographique où chaque minute compte.
D’après la fiche publiée par AMC Theaters, Avatar : Fire and Ash afficherait une durée de trois heures et quinze minutes — un chiffre que le distributeur français préfère, pour l’instant, ne pas confirmer. Trois petites minutes de plus que The Way of Water, certes, mais suffisamment pour égaler le record du film le plus long de James Cameron… à savoir Titanic. Ce troisième chapitre nous replonge auprès de Jake Sully et de sa famille, cette fois opposés au clan Mangkwan, également appelé peuple “Ash”. Une grande première dans la saga : jamais un clan Na’vi n’avait occupé le rôle de force antagoniste principale. Jusqu’ici, ils étaient clairement les figures héroïques de cette fresque. Cameron souhaite désormais explorer l’ombre de Pandora, et montrer des Na’vi plus sombres, parfois amers, capables même de s’allier aux humains. Avec de telles ambitions — dévoiler une nouvelle facette de Pandora, peaufiner son worldbuilding d’une cohérence rare, et continuer d’approfondir ses personnages — cette durée apparaît presque naturelle. Cameron n’a jamais fait mystère de son envie de construire des mondes vastes, immersifs, esthétiquement renversants… et de laisser son histoire respirer. Fire and Ash s’annonce ainsi comme une nouvelle odyssée monumentale, dont chaque minute promet de compter.

Les films Avatar de James Cameron offrent la jubilation d’un spectacle total… portée par un sens du récit et des personnages d’une exigence quasi obsessionnelle !
Avatar : Fire and Ash est déjà présenté comme l’épisode le plus intense des trois films dévoilés à ce jour. James Cameron l’a annoncé sans détour : ce chapitre ira « explorer des zones plus sombres que les précédents ». Et pourtant, malgré cette noirceur, la saga Avatar porte en elle une forme de pureté cinématographique, celle des grands films d’aventure qui ont marqué notre enfance. Un émerveillement presque disparu aujourd’hui. C’est un spectacle de science-fiction total, un film d’aventures généreux, et un actionner exécuté avec une précision d’orfèvre. Guillermo del Toro — pourtant pas homme à distribuer les superlatifs au hasard — décrivait déjà Avatar 2 avec une ferveur rare : « Lorsque je l’ai vu, je me suis rendu compte que ça faisait une éternité que je n’avais pas vu un film, un vrai film gigantesque et puissant, qui m’a diverti, m’a ému, et m’a montré des images dont je n’aurais même pas pu rêver. » Et il enfonçait le clou en ajoutant : « Artistiquement et techniquement, c’est un film tellement beau et complexe ! Si vous me disiez que j’avais le choix entre tourner l’une des dernières séquences de ce film ou bien perdre la vie, je préparerais déjà mon cercueil. Parce que c’est incroyable, c’est époustouflant. » On ne peut qu’abonder dans le sens du maître mexicain, tout juste célébré pour son Frankenstein signé Netflix (mais nous y reviendrons). Et au fond, quoi de plus logique ? Une saga d’une telle ampleur mérite bien un volet final de trilogie doté d’une durée à la hauteur de son ambition. Fire and Ash devrait ainsi permettre de relier les arcs, d’approfondir encore la dynamique familiale des Sully et de donner à cette trilogie la cohésion émotionnelle qu’elle appelle depuis le premier film. Peter Jackson a emprunté le même chemin pour Le Retour du Roi, qui venait couronner Le Seigneur des anneaux avec une ampleur et une générosité – a priori – comparables. Cameron semble viser le même horizon : celui des conclusions monumentales, faites pour marquer durablement l’histoire du cinéma spectaculaire.

Le feu !
Quoi qu’il en soit, chaque sortie d’un Avatar demeure un véritable événement, et toute la filière cinéma s’y prépare avec un soin quasi cérémonial. Dans les cabines de projection, les installateurs — ces experts souvent invisibles mais essentiels — sont déjà sur le pont. Sollicités de toutes parts, ils vérifient les systèmes, mettent à jour les logiciels, ajustent chaque paramètre pour garantir des projections irréprochables. Rien n’est laissé au hasard : l’exigence maniaque de James Cameron en matière de technique résonne à travers toute la chaîne du cinéma, depuis la fabrication minutieuse du film jusqu’au dernier maillon, la salle qui accueillera le public. Et la profession s’interroge, comme à chaque raz de marée annoncé : faut-il laisser ce que certains considèrent comme un “produit de consommation” envahir les multiplexes, ou bien le réseau art et essai doit-il s’en saisir à travers des propositions alternatives — séances en VO, présentations, rencontres, débats ? De leur côté, les instances officielles surveillent attentivement la diffusion pour éviter que le territoire soit saturé de copies au point d’asphyxier toute concurrence. Mais ces discussions semblent presque dépassées. À l’heure où la Cinémathèque française rappelle à quel point Cameron est un artiste total, un créateur au sens large du terme, il devient difficile de réduire Avatar à un simple blockbuster. On peut tout à fait vivre la saga comme un spectacle forain — une tradition aussi vieille que le cinéma lui-même — ou comme une véritable œuvre d’auteur, selon l’écrin choisi : la salle premium des multiplexes ou le cinéma de quartier qui prendra le temps de célébrer la vision du cinéaste. Quoi qu’il en soit, à un peu plus d’un mois de la sortie d’Avatar : Fire and Ash, il ne reste qu’une question de jours avant que les préventes ne s’envolent. La durée annoncée, aussi généreuse soit-elle, ne devrait décourager personne : les deux premiers films ont triomphé malgré onze années d’intervalle. Et cette fois, avec un troisième opus qui arrive seulement deux ans après The Way of Water, tous les voyants semblent au vert pour faire de ce chapitre le plus ambitieux et spectaculaire de la saga. Concluons en revenant à Guillermo del Toro, qui a pu découvrir le film, et qui résume mieux que quiconque la portée de ce qu’a préparé Cameron : « J’ai vu les trois Avatar, je trouve que ce sont des chefs-d’œuvre absolus. Je sais quelle direction il a prise et ça va surprendre beaucoup de gens. Je ne peux rien dire de plus, mais je peux affirmer qu’il y a très peu d’Américains qui ont créé une mythologie entière. Vous avez [George] Lucas, vous avez la mythologie du Magicien d’Oz de Frank Baum… et James est en train de créer cela avec Avatar. Il va vous faire voyager. » Et si Fire and Ash était justement ce voyage-là : celui qui scelle la naissance d’une mythologie contemporaine ? Chez DcPMag, nous y croyons indéfectiblement !

