À soixante-neuf ans, Mel Gibson est-il désormais « trop vieux pour ces conneries ? » La question, référentielle, appelle une réponse nuancée. Car selon Allan Ungar — metteur en scène du polar Bandit (2022), dans lequel Gibson tenait un rôle secondaire —, l’acteur-réalisateur emblématique n’a pas encore rangé son Colt au vestiaire. L’icône controversée d’Hollywood nourrirait toujours l’ambition de porter à l’écran L’Arme fatale 5, suite attendue d’une saga entrée depuis longtemps au panthéon du cinéma d’action. Dans un entretien accordé à George Edelman pour MovieWeb, Ungar confie avoir longuement échangé avec Gibson à ce sujet. Le cinéaste laisse entendre que ce dernier n’a rien perdu de ses ambitions créatives pour ce qui est de Lethal Weapon, ni de son attachement viscéral à l’univers de Riggs et Murtaugh. Au-delà de la nostalgie, il s’agirait pour Gibson de retrouver ce mélange de comédie, de mélancolie et de fraternité qui faisait la singularité de la série initiée par Richard Donner et Shane Black — une manière, peut-être, de refermer la boucle… à sa manière !
L’histoire : Martin Riggs, sur le point de prendre sa retraite, se retrouve confronté à une toute dernière affaire. Seule chance de la résoudre et d’accéder au repos tant mérité, convaincre Murtaugh de participer à l’enquête…
« Vous savez, j’ai fini par discuter longuement avec Mel [Gibson] de ses intentions pour le cinquième volet de L’Arme fatale, dont je ne sais pas où il en est dans le processus de développement avec Warner Brothers et New Line. Il a toujours eu un plan. Je pense que son projet actuel est de se replonger dans La Passion du Christ, qui est en tournage en Italie, donc je pense qu’il va être occupé avec ça pendant un certain temps. Je ne sais pas si nous verrons un jour L’Arme fatale 5, mais je ne sais pas non plus si nous avons besoin de le voir. Oui, la saga fut conclue de manière assez poignante. » Alors qu’Ungar, qui a récemment réalisé la comédie d’action London Calling avec Josh Duhamel (Transformers), ne ressent pas nécessairement le besoin d’un cinquième L’arme fatale, les suites de licences légendaires règnent actuellement en maître, et il ne fait aucun doute que de nombreux fans (et autres financiers) aimeraient voir Gibson s’associer à nouveau avec Danny Glover, âgé de 79 ans, pour une nouvelle aventure.

L’arme fatale 5 serait basé sur une idée conçue par… Richard Donner.
Après une mise au ban quasi totale d’Hollywood au milieu des années 2000, Mel Gibson a entrepris un lent retour vers la lumière. Cinéaste radical (Tu ne tueras point, Apocalypto), comédien en pleine réinvention (Dragged Across Concrete, The Professor and the Madman), il a progressivement regagné une place que l’industrie cinématographique semblait lui avoir refusée à jamais. C’est dans ce contexte que L’Arme fatale 5 — longtemps annoncé, souvent différé — refait surface avec une vraisemblance relative, mais néanmoins d’actualité. Peu d’éléments nouveaux ont filtré, sinon que Gibson lui-même en assurerait – réellement – la mise en scène, sur la base d’une idée amorcée par Richard Donner avant sa disparition. « Il [Richard Donner] avait déjà bien avancé dans le scénario. Nous sommes donc partis de ce matériau, que nous avons peaufiné, retravaillé, enrichi. J’en suis assez satisfait », confiait Gibson récemment.

« On a frôlé la chatastrophe hein ?! »
Mais au-delà de l’anecdote de production, une question demeure : que peut encore offrir L’Arme fatale à l’heure où ses héros ont dépassé l’âge des poursuites en voiture, des combats mano à mano, des explosions d’immeubles et autres gunfights massifs ? Ce cinquième épisode, s’il voit le jour, portera nécessairement la marque du temps — celui de corps fatigués, mais des amitiés persistantes, et – probablement – de la mémoire d’un genre tout entier. Si Gibson parvient à saisir cette mélancolie crépusculaire, ce regard rétrospectif sur le mythe du buddy movie, L’Arme fatale 5 pourrait transcender le simple exercice de nostalgie pour devenir autre chose : une élégie du cinéma d’action, à hauteur d’homme (Après tout, Stallone a initialement réussi l’exercice avec ses Expendables). Pour résumer : tous les espoirs sont permis !

