Sharon Stones dans une scène légendaire de "Basic Instinct"

Les normes hollywoodiennes post-quarantaine vont-elles redessiner les scènes intimes au cinéma ?

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Les studios se préparent à rouvrir les plateaux de tournage cinématographiques et télévisuels, qui, dans leur majeure partie, sont fermées depuis la mi-mars dans un intérêt de santé publique durant la période de pandémie de « Covid 19 ». Tout le monde est conscient du fait que relancer la machine créative hollywoodienne ne sera pas une tâche aisée. Au milieu des nombreux exemples, il se murmure que les scènes de relations intimes pourraient être tournées en CGI et ainsi protéger les acteurs et les membres de l’équipe – au moins pour un temps. Bien évidemment, cette approche soulève bon nombre de questions, dont certaines d’ordre presque philosophiques.

Aperçu : Le spectateur est-il un voyeur comme les autres ? De Michael Powell à De Palma, en passant par Hitchcock et Verhoeven, la nature même de notre médium de prédilection prédispose à ce que sexualité et enchevêtrement des cadres ouvrent une « Fenêtre sur cour » qui appelle, de façon presque pulsionnelle, à la scrutation. De Spike Lee, qui se posait il y a peu la question des scènes d’amour au cinéma, en passant par Paul Verhoeven, qui parle ouvertement de nudité féminine dans ses films… la question de la cohabitation entre l’acte charnel et le septième art est sur toutes les lèvres. Mais aujourd’hui, The Sun relaie des informations qui pourraient changer la création même de ces scènes parfois « obsessionnelles », inventées par des metteurs en scène – dans la majeure partie des cas – conscients de l’impact artistique de la nudité sur une oeuvre de cinéma. Ces annonces proviennent d’un document de 22 pages rédigé par l’association professionnelle des monteurs de films. Le document en question définit les lignes directrices que les productions devront adopter dès la réouverture des plateaux. Parmi lesdites lignes, on apprend que les «moments de contact rapproché» devront être «soit réécrits, abandonnés ou corrigés en CGI». En d’autres termes, si l’intimité physique est indispensable au récit et au projet, il faudra passer par les effets spéciaux numériques pour parvenir à faire exister la scène. Si la situation sanitaire conduit effectivement à cette façon de faire, le changement sera tellement substantiel qu’il redéfinira la direction d’acteurs, voire, plus largement, l’esthétisme cinématographique pour les mois (années ?) à venir.

Showgirls (film de Paul Verhoeven)

Le bureau du gouverneur de Californie a donné son feu vert pour la reprise des productions audiovisuelles à partir du 12 juin. L’idée de scènes intimes réalisées en CGI n’est qu’un changement majeur, au milieu de nombreux autres auxquels seront confrontées les productions lors de la reprise ! L’une des habitudes à prendre sera bien évidemment la mise en place de dépistages massifs afin de s’assurer qu’aucun porteur positif au « Covid 19 » ne vienne contaminer ses autres collègues. Tous les membres d’équipe officiant dans les coulisses devront également porter des masques et ce ne sont là que quelques exemples des mesures sanitaires qui seront prises. Les « catering » seront également soumis à des règles très strictes afin d’éviter toute contamination par les aliments ou les boissons.

L’impact cinématographique sera donc direct. On peut d’ores et déjà se demander à quoi ressemblera une scène d’amour partiellement ou totalement réalisée en CGI ? La triste disparition de Carrie Fisher a causé de réels problèmes techniques à J.J. Abrmas lors du tournage de Star Wars, épisode IX : L’Ascension de Skywalker et les effets spéciaux numériques n’ont pas réussi à se substituer pleinement à l’absence de l’actrice ! Mais au-delà de cette problématique, le deuxième obstacle qui point demeure l’ augmentation du budget de production qui devrait, a priori, mettre en difficulté les productions les plus modestes. En plus des frais engendrés par les nouveaux protocoles visant à protéger la santé des personnes, il faut garder à l’esprit que créer une scène d’intimité – crédible – à l’aide des CGI pourrait être plus onéreux que dans « l’ancien temps », où il suffisait de faire jouer la scène à des acteurs en chair et en os. Mais, pour reprendre l’expression consacrée, « the show must go on » et, pour le faire en toute sécurité, les habitudes vont devoir changer.

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