Alors que l’industrie est largement gangrenée par une uniformatisation générale et un manque de sens critique hallucinant, l’acteur Paul Walter Hauser lance des pavés dans la mare. Ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux ne seront pas passé à côté de son franc-parler, qui le conduit même à critiquer son propre travail. Comme beaucoup de cinéphiles, il est également un utilisateur actif de (l’excellent) Letterboxd, notant par là même des films divers et variés… y compris les siens. C’est l’une de ses évaluations récentes du film Le Cas Richard Jewell, qui a attiré l’attention sur X, parce que son évaluation n’était pas forcément dithyrambique.
Sur X, Hauser a pris le temps de répondre à un utilisateur ayant remarqué que sa note Letterboxd pour Le Cas Richard Jewell, film dirigé par Clint Eastwood dans lequel il campe le personnage principal, était « un peu basse compte tenu de l’importance de sa participation dans le film ». Pour précision, l’utilisateur en question a écrit : « Paul Walter Hauser donnant à Richard Jewell une note de 3,5 sur Letterboxd, un film dans lequel il joue littéralement le personnage principal, est l’une des choses les plus drôles que j’ai rencontrées sur cette application ». La réponse de Hauser est tombée un peu plus tard. Il mentionne des classiques tels que The Shawshank Redemption, qu’il considère comme un film à 5/5, et poursuit sa réflexion en précisant que s’il attribue à Richard Jewell une note de 3,5, c’est parce que le long métrage n’est pas un classique à la hauteur de Les Évadés, même s’il a joué dans ledit film. Il va même plus loin en affirmant : « Si je pense que The Shawshank Redemption et La Liste de Schindler sont des films à 5/5, et que Richard Jewell n’est pas un film parfait et/ou un véritable classique, qu’y a-t-il de mal à donner une note que je juge ‘honnête’ ? C’est un bon film qui vaut vraiment la peine d’être vu. Un 3,5 sur 5 n’est pas synonyme de mauvaise critique. C’est une réalité. »
Pour rappel, Richard Jewell a été (très) bien accueilli par la critique. Chez nous, Positif, nota à juste titre que « derrière la simplicité de sa narration et la fluidité de sa mise en scène [Eastwood] ne cesse d’explorer la complexité des sentiments humains. »
Doug Liman, Matt Damon et Casey Affleck ont peut-être moins appréicé la note de 2,5 que Hauser a attribuée à The Instigators, dans lequel il joue un rôle secondaire. En revanche, le bonhomme fut beaucoup plus aimable avec Vice-versa (4/5), Americana (4/5) et Cruella (4,5/5). En plus d’accorder un solide 4 étoiles au film de Sydney Sweeny, Americana, il a fait l’éloge de sa partenaire professionnelle sur X, en déclarant qu’elle était « l’une des personnes les plus intelligentes avec lesquelles il avait déjà travaillé ». Si l’on résume, Hauser a une certaine propension à dire les choses sans détour.
Réalisé par Eastwood à partir d’un scénario de Billy Ray, Richard Jewell est basé sur l’article de Vanity Fair de 1997 intitulé « American Nightmare : The Ballad of Richard Jewell ». L’adaptation emprunte également au livre de 2019 The Suspect: An Olympic Bombing, The FBI, The Media, and Richard Jewell, the Man Caught in the Middle.
Le film a reçu de bonnes critiques à sa sortie, ses 77 % sur Rotten Tomatoes sont positifs et a il été désigné comme l’un des dix meilleurs films de l’année par le National Board of Review. Du côté de DCPMag, on y voit un (nouveau) grand film d’Eastwood sur le bien et le mal, qui évite, comme souvent chez le cinéaste du chef-d’œuvre Impitoyable, un manichéisme plombant. Pour sa performance dans le long métrage, Bates a été nominée pour le Golden Globe et l’Academy Award de la meilleure actrice dans un second rôle (elle campe la mère de Jewell, Barbara « Bobi » Jewell). Mais l’acteur qui, comme à son habitude, emporte tout sur son passage reste le très sous-estimé Sam 3 Billboards Rockwell. Finalement, l’évaluation de Richard Jewell par Hauser, rappelle à quel point l’ère des réseaux sociaux est complexe pour ceux qui veulent prendre la parole spontanément et librement, mais aussi et surtout… à quel point la critique de film (professionnelle, amateure, grand public, etc.) a largement muté en peu de temps. Suite à la reprise de cette histoire par de nombreux sites, Hauser a déclaré qu’il ne parlait plus de films sur les médias sociaux. Cette anecdote représente-t-elle finalement le frémissement d’une nouvelle étape dans l’appréciation du septième art ? Wait and see, comme dirait l’autre !