Y a-t-il duo plus iconique dans toute l'histoire de la Pop culture ?

Retour vers le futur – notre lettre d’amour !

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Dire que la critique a été, est, et sera toujours à côté de la plaque, peut s’apparenter – en fonction de l’auditoire auquel on s’adresse – à une attitude condescendante ou convenue. « Une œuvre taillée sur mesure pour le grand public et d’abord les teenagers », « Il n’y a rien, dans Retour vers le futur, de fort, de personnel, d’obsessionnel (…). Aussi le film est-il bien terne ». 34 ans. Il aura fallu attendre 34 ans pour, qu’enfin, le chef-d’oeuvre du grand « Bob » Forrest Gump Zemeckis soit traité à sa juste valeur. 34 ans pour, qu’enfin, on puisse lire de la part de véritables amoureux du septième art que « Retour vers le futur, [est] le film qui dit mieux que tout autre l’obsession du paradis perdu de la way of life des années 50 (bagnoles chromées, milkshakes, bals de promo et tutus roses), qui définit les années Reagan et toute la culture yankee depuis ». 34 ans, pour les trentenaires que nous sommes, c’est le timing idéal pour rappeler à tout un chacun que chez DCP, on ne rendra jamais de compte à des actionnaires, des costards-cravates avec une calculettes rivée à la main, des dieux des algorithmes ou encore – merci aux grandes plumes, intègres – « des wannabee critiques, des momies en phase terminale de débandage« . Et comme ici on s’est juré de glorifier la pop culture et de dire « fuck » à ceux qui hiérarchisent, ladite culture : voici la première lettre d’amour de la jeune vie de DCP. Elle est signée Damien et « nom de Zeus », qu’elle est belle !

Si l’on est un tant soit peu passionné de cinéma, on a forcément un réalisateur / un film / un acteur… qui a une importance particulière à nos yeux. Tout comme on se souvient du premier livre qu’on a lu tout seul comme un grand, du nom de notre première amoureuse à l’école primaire, où de la première cassette écoutée en boucle et complètement usée à force d’être rembobinée au crayon papier (cette phrase n’aura aucun sens pour quiconque est né après 2002). Lorsqu’on découvre un film dans son enfance, hé bien ce film reste avec nous. Il me semblait donc logique, pour ce premier article, de vous parler du film de mon enfance : Retour vers le futur.

J’ai une bonne mémoire. De manière générale, je veux dire. Après, si vous me demandiez – là, tout de suite – de vous sortir le théorème de Pythagore, je ne saurais pas. Par contre, je crois que je pourrais vous sortir toutes les répliques de Retour vers le futur à la suite, vous faire la musique du générique à la bouche et enchaîner avec les répliques de Retour vers le futur 2 et 3. Impossible de vous dire combien de fois j’ai vu cette trilogie dans ma vie, mais pour vous donner une idée, si je ne la visionne pas au moins deux fois par an, je ne me sens pas bien. À 6 ans, j’étais en tailleur devant la télé du salon et je donnais la réplique à Michael, Christopher et Thomas. Véridique. C’est sur vidéocassette si vous ne me croyez pas. Pourtant, à 6 ans, on ne comprend pas grand-chose. Mais j’avais déjà compris la force de ce film. 

Ce film. Est. Incroyable. Voilà, c’est tout. Je ne l’ai pas précisé en début d’article (c’est plutôt clair, maintenant) mais ce ne sera pas une critique objective, les gars. Robert Zemeckis et Bob Gale (son ami et comparse. Ils ont collaboré sur de nombreux projets depuis la fin des années 70) ont su créer un univers et des personnages si hauts en couleur, que la magie opère sans accrocs. Ce film, c’est comme un organisme vivant. Les mecs, ils ont juste créé la vie, quoi ! J’exagère, bien évidemment, mais si on y regarde de plus près : il ,’aurait jamais dû exister, ce film. Décomposons un petit peu l’histoire, voulez-vous ? 

1985. Notre héros est un gosse de 17 ans, lambda (pas dans la catégorie des intellos, ni des sportifs. Catégories surreprésentées et surexploitées dans les productions de l’époque. Les clichés viennent bien de quelque part). Il a une copine, il joue de la gratte, il fait du skate-board… Bref, c’est un mec cool. Le contraste est d’autant plus flagrant dans la séquence de dîner en famille où ses parents et frères et sœurs sont loin d’être des modèles de « coolitude » ! Son meilleur ami est un vieux « savant fou » de 70 ans (ça choque personne ? OK, je continue) qui a inventé une machine à voyager dans le temps. Marty se retrouve projeté par erreur en 1955 où il va se faire draguer sans vergogne par la version jeune de sa propre mère (inceste, bonjour !), tout en cherchant un moyen de rentrer dans son époque avec l’aide de la version (plus) jeune du savant fou du départ !

Doc et Marty

La première version du scénario date de 1981. QUI, en 1981, a l’audace d’écrire un truc pareil et d’essayer d’en faire un film ? C’est Robert et Bob. Les Bobbys. Bon, on ne va pas se mentir : ils ont eu du mal, quand même. Avant d’être le film (et la trilogie) culte qu’il est aujourd’hui, Retour vers le futur a été réécrit deux fois, balancé de studios en studios tel une patate chaude pendant quatre ans – certains trouvant le scénario trop « léger » à l’époque où les comédies adolescentes commençaient à être plus « osées » et sexuelles et d’autres, comme Disney, qui curieusement n’était pas fan de l’histoire d’inceste – et a failli s’appeler Spaceman from Pluto… On a frôlé le drame là quand même, on est d’accord ? Et je ne vous parle même pas de la mythique DeLorean, qui était censée être un frigo, à la base ! C’est seulement en 1985, après le succès de son film À la poursuite du diamant vert, que Zemeckis peut faire appel à un certain Steven Spielberg (qui avait déjà produit ses deux premiers films, Crazy Day et La Grosse Magouille) qui va l’aider à vendre le concept à Universal Studios. Michael J. Fox est casté dans le rôle de Marty McFly, puis remplacé suite à des conflits d’agenda (au grand dam de Zemeckis). Après plusieurs semaines de tournage, Zemeckis, insatisfait du remplaçant de Fox, arrête tout et décide, avec le soutien de Spielberg, de reprendre à zéro. Fox est partiellement libéré de ses contraintes avec la télévision, ce qui lui permet d’endosser le rôle qui sera sans nul doute celui de sa vie. John Lithgow étant indisponible, c’est Christopher Lloyd qui hérite du rôle du « Doc » Emmet Brown… 

Tout vient à point, pas vrai ? Si le film avait été tourné plus tôt, si Lithgow avait été disponible… Je parlais de magie tout à l’heure, et c’est en revenant sur toute l’histoire derrière ce film que cela prend tout son sens. Tout est arrivé précisément comme ça devait arriver pour que Retour vers le futur soit le film qu’il est. C’est de l’alchimie pure. Entre les comédiens, les créateurs, les personnages… On sent une véritable sincérité à tous les stades de création. Et plus encore que son scénario, à la fois épique et fun, plus encore que ses personnages et leurs répliques cultes (hommage à la VF et notamment à Pierre Hatet, voix française de Christopher Lloyd, décédé en mai 2019), plus encore que son regard sur les années 50, plus encore que les thématiques de paternité, de prédestination… C’est pour cette sincérité que ce film a été, est, et restera à tout jamais un film culte.

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