On commence à connaître la rengaine : le cinéma international est en perpétuel chamboulement. Entre un cinéma français qui ne se remet pas de la dernière cérémonie des César, une bataille Marvel vs Scorsese dont les braises sont attisées chaque semaine, et les premières ondes du tsunami « Corona »… on peut dire, pour le moins, que l’industrie navigue à vue. Parmi ce marasme – et face à une autre problématique très actuelle -, Edgar Baby Driver Wright semble avoir quelques idées pour que les cinémas puissent gagner la bataille contre Netflix et les multiples services de streaming.
Shaun of the Dead. Hot Fuzz. Scott Pilgrim. Baby Driver. Quatre titres Ô combien synonymes de la cinéphilie et la ferveur référentielle de Wright. Bien qu’ayant connu des débuts professionnels sur les plateaux de séries TV, le réalisateur de la trilogie du Cornetto est un vrai cinéphile, qui défend la découverte des films auprès d’un public en quête d’expériences collectives. Il vient en ce sens d’affirmer : « Je suis toujours étonné par cette industrie, à Londres et surtout à Hollywood, [plus particulièrement] par le nombre de personnes qui travaillent dans l’industrie – les producteurs et les réalisateurs – qui ne vont pas réellement voir les films auprès du public. Peut-être que c’est parce qu’ils pensent ‘J’ai des salles de projection privées ou des installations fantastiques à la maison’. Pour ma part, j’ai des installations fantastiques à la maison, mais je sors toujours au cinéma parce que je veux voir [un film] avec la foule. C’est vraiment important pour moi. Je voudrais toujours avoir le même frisson qu’en découvrant Star Wars en salle [du haut de mes] trois ans. »
Attirer le public vers les salles obscures à l’heure de Netflix relève effectivement du défi. Tout en constatant cet état des lieux, le papa du Dernier Pub avant la fin du monde pense que « Tout ce que [nous pouvons] faire pour retrouver la magie est vraiment important. Vous ne voudriez pas que la bataille contre Netflix soit perdue parce que les gens vont au cinéma et ont l’impression de ne rien retirer de l’expérience ? Il faut une raison valable pour que [le public] tienne à venir dans une salle [plutôt que de] de regarder les films sur un iPhone dans le train. »
Ceci dit, Wright précise tout de même qu’il n’est pas opposé aux services de streaming – voire à regarder un film sur un téléphone -, mais le réalisateur pense qu’il est important (en tant que cinéaste) de comprendre l’importance de « la majesté enchanteresse du grand écran » : « J’aime regarder des choses sur Netflix, mais à un moment donné, je dois sortir de mon canapé. J’aime aller au cinéma. La télévision et le streaming font beaucoup de bruit, [mais pour ma part] j’ai toujours essayé de faire des films que vous avez envie de voir sur grand écran. »