6 ans après Stretch, son dernier long métrage (pas de sortie en France) et quelques réalisations télé, Joe Carnahan revient avec Boss Level, “petit” film d’action au concept sympathique : et si Un jour sans fin rencontrait John Wick ?
L’histoire : Un vétéran des forces spéciales à la retraite revit sans cesse la même journée, celle-ci se terminant à chaque fois par sa mort. Pour stopper cette incessante souffrance, il doit trouver qui en est responsable et l’arrêter.
Notre avis : D’entrée, Carnahan pose les bases. Présentation des logos de studios avec un visuel 8-bits, écran titre façon Street Fighter, ouverture sonore rythmée par l’intro du titre Foreplay, du groupe Boston… installez-vous confortablement, ça va être rock’n roll ! Petite séquence de baston, narrée par le personnage principal en voix off : visiblement, c’est pas la première fois que ça arrive. Et effectivement, puisque ça fait déjà 139 fois que le même assassin vient essayer de lui raccourcir les pointes avec sa machette. Carnahan nous lâche directement dans l’action, le protagoniste nous racontera ce qu’on a loupé via des flashbacks et/ou des commentaires sarcastiques – toujours en voix off. L’humour caustique de Carnahan (présent dès ses débuts avec Mi$e à prix) est bien là, tout comme Grillo, en vétéran blasé, qui porte le film sur ses larges épaules. Le rythme ne faiblit pas d’un bout à l’autre, il alterne séquences d’action et moments plus intimes, où l’on découvre la vie privée de ce personnage d’aspect bourru et imposant, mais au fond profondément sensible. Niveau acteurs secondaires, on saluera l’interprétation de Mel Gibson en grand méchant, absolument badass avec sa barbe fournie, et celle tout en finesse de Naomi Watts en ex-femme du protagoniste, à la fois personnage secondaire et rôle crucial de l’intrigue. Sans prétention, Carnahan nous livre un film d’action bien bourrin comme il sait faire, avec une bande son rock et un humour décalé souffrant parfois, malheureusement, d’un manque de moyens flagrant (cela se voit notamment sur certains effets visuels dignes d’un DTV). Mais c’est une des forces de Carnahan : il sait ce qu’il fait ; dans le sens où il a parfaitement conscience qu’il ne va pas révolutionner le genre avec son Agence tous risques, ou avec Boss Level, mais il s’en fiche : il n’est pas là pour ça. Il est là pour nous embarquer dans un rollercoaster, un grand-huit de fusillades, cascades, explosions et répliques qui tuent, et il arrive même parfois à caser une petite pépite, un petit truc osé, qu’on n’aurait pas imaginé voir dans un “petit” film de cette engeance (cf. La toute fin du long métrage, que peu de personnes auraient osé boucler ainsi). Carnahan, c’est un artisan : il fait beaucoup de “petits” projets, mais toujours avec du cœur, et ça : ça fait plaisir !
Critique rédigée par le dernier Bogart… Damien Sanchez himself